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Paloma Colombe : « déplacer le curseur de la normalité »

Le 7 avril 2023 — par Trempo

Artiste associée de Trempo depuis janvier 2023 et pour deux ans, qui est donc Paloma Colombe ? Essentiellement connue en tant que DJ, cette artiste protéiforme a pourtant plus d’un tour dans sa housse. Son fil rouge : faire se croiser les esthétiques, et rendre visible l’invisible. Mise en pratique.

« J’ai du mal à me considérer uniquement comme DJ, cela ne me résume pas du tout. J’ai toujours fait des choses à côté, ou en même temps. » Présenter Paloma Colombe ne se résume pas en deux mots. DJ depuis une dizaine d’années, elle est aussi artiste sonore, podcastrice, programmatrice, réalisatrice de films et chroniqueuse pour Radio Nova. Rien que ça.

Tout commence à quelques milliers de kilomètres, de l’autre côté de l’Atlantique. Tandis qu’elle suit des études en cinéma documentaire, Paloma Colombe se rapproche de la scène musicale queer de San Francisco. Son amour pour la musique prend le pas sur le cinéma, elle se remet à digger (rechercher des sons) et envisage la possibilité de faire ses propres mixes. « En rentrant à Paris, en plus de mes petits jobs, je me suis mise à mixer dans les endroits où j’étais serveuse. » Et ça marche ! Elle se met à jouer dans des palaces, des grands restaurants, plusieurs fois par mois, parfois par semaine.

Progressivement, elle se professionnalise, investit dans des platines, rejoint le catalogue d’un gros tourneur, et de fil en aiguille, c’est la consécration. En 2021, Paloma Colombe est à l’affiche de gros festivals (Trans Musicales, Eurockéennes, Peacock Society, Scopitone…) jusqu’à l’Olympia en septembre 2022, en première partie du performeur franco-américain Marc Rebillet. Tout cela a pris dix ans.

Faire cohabiter différentes cultures et esthétiques

La particularité de Paloma Colombe est de proposer une « musique adaptive ». Inspirée de ceux entendus à San Francisco, ses premiers mixes font se côtoyer disco, funk, soul, jazz… Petit à petit, elle fait entrer les musiques électroniques, mais aussi ses propres collectes sonores pour proposer un récit musical résolument hybride. « Je cherche à déplacer le curseur de la normalité, en mettant côte à côte différentes cultures, différentes esthétiques », explique-t-elle, revendiquant ce métissage qu’elle explique par sa biculturalité.

Née d’un père français et d’une mère algérienne, elle a dû se réapproprier cette culture : « J’ai longtemps eu honte de mes origines algériennes, et puis j’ai commencé à discuter avec mes grands-parents. À 23 ans, j’ai été pour la première fois en Algérie avec ma mère qui n’y était pas retournée depuis plus de trente ans. Ça a été un voyage très important. J’ai continué d’y aller et j’ai développé des projets de films, des projets musicaux… Cela m’a permis de comprendre d’où je venais ». En 2018, elle se voit d’ailleurs confier la réalisation d’un documentaire sur le compositeur de génie Ahmed Malek, surnommé le « Ennio Morricone algérien ».

Donner de la visibilité à celles et ceux qui n’en ont pas

Son expérience de femme dans la musique lui donne « une sensibilité particulière : c’est difficile de trouver sa place, et cela peut s’étendre à toutes les personnes qui n’ont pas la reconnaissance qu’elles méritent » témoigne Paloma Colombe. Et pour cause, l’artiste l’a éprouvé lors de ses débuts : «  » Tu mixes bien pour une fille  » me disait-on sans arrêt. Je n’étais pas reconnue pour mon talent ou ma compétence, mais constamment déterminée par mon genre et mon apparence » témoigne-t-elle. Interpellée par le manque de visibilité des personnes racisées, mais aussi les questions de représentation de classe ou d’écologie, Paloma Colombe fait passer ses engagements par l’action : « l’EP sera empreint de tout cela. Pour moi, il est plus juste de démontrer ou montrer autre chose, plutôt que d’en parler, je ne suis pas théoricienne », évoque-t-elle.

Une artiste associée aux multiples facettes

« On a beaucoup discuté de mes besoins, de mon parcours. Cela m’a permis de faire un état des lieux et de définir ensemble des actions en lien avec les différents pôles de Trempo ». Artiste associée pour deux ans, Paloma Colombe déploie ici ses multiples facettes. Programmatrice, elle délocalise à Nantes une soirée Frictions, quatrième du nom, avec à l’affiche des propositions principalement féminines, le 14 avril prochain, lors de laquelle elle jouera également. Le principe est de « faire des croisements, des hybridations, créer des contrastes, des espaces dans lesquels peuvent co-exister des éléments hétérogènes ». Productrice, elle est accompagnée par Trempo afin de se former à la composition de ses propres morceaux, avec Sébastien Guérive. Une « barrière mentale » qu’elle a dû dépasser. « Je trouve cela très intéressant et important de sortir de sa zone de confort. Il y a très peu de femmes productrices, car à un moment de l’histoire l’accès à la technique a été confisqué. C’est important qu’on se réapproprie cela », explique-t-elle. Un premier EP à sortir fin 2023 – début 2024 avec, possiblement, quelques sessions d’enregistrement à Trempo.

Intéressée par la transmission, Paloma Colombe est également investie dans un projet au long cours mené avec deux écoles de l’île de Nantes (Joséphine Baker et Aimé Césaire) ayant pour objet la création de « mini-podcasts » pour parler de leurs identités d’habitant·es du quartier. Elle met la pratique au cœur de son approche : « plus on commence tôt, plus cela est désacralisé, démystifié » avec une attention particulière « à ce que les filles prennent autant leur place que les garçons dans l’appréhension des technologies ». Derrière ces actions, un objectif plus profond : « cela permet de leur offrir un espace pour valoriser qui elles et ils sont, au-delà des matières purement scolaires. Faire soi-même permet de prendre confiance en soi. La musique est un chemin vers l’intime, la découverte de sa singularité ».

Une vision protéiforme du rôle de l’artiste dans la société, qu’elle transmet sur le territoire nantais de multiples façons. Après seulement quelques mois de compagnonnage, Paloma témoigne d’une « incroyable opportunité : on prend beaucoup de plaisir à travailler ensemble, et un accompagnement sur deux ans permet de mettre en place des choses concrètes ». Qui sait, peut-être aura-t-elle même envie de venir y poser ses valises ? À suivre !


Photos : Julia Briend (sauf portrait : Lucie Marmiesse)
Rédaction : Julie Haméon

Le projet d’éducation artistique et culturelle avec Paloma Colombe est soutenu par la Ville de Nantes et la Fédération Léo Lagrange. Merci aux enseignantes de l’école Joséphine Baker et aux animateur·rices de l’accueil périscolaire de l’école Aimé Césaire.