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Sébastien Guérive : « être au service de la singularité de l’artiste plutôt que de concevoir des clones »

Le 4 avril 2023 — par Trempo

Compositeur de musique pour l'image, le théâtre et la danse, producteur de ses propres créations et ingénieur du son, Sébastien Guérive est aussi formateur pour Trempo, depuis la création du MuMA. Il a fait de ces multiples casquettes une force, qui lui permet de durer dans le métier et de trouver son équilibre entre expression personnelle et travail de commande.

Tu es ce que l’on pourrait appeler un « artiste slasheur » puisque tu exerces plusieurs métiers. Pourquoi cette diversification d’activités ?

C’est un terme assez nouveau qui correspond assez bien effectivement à ma réalité. Ce n’était pas un choix évident au départ, d’être présent sur toute la chaîne de production de la musique, mais quand j’ai annoncé à mes parents que je voulais en vivre, ils m’ont répondu « on va te soutenir, mais ce serait bien que tu aies quand même quelque chose à côté ». Cela m’a amené à faire des études d’ingénieur du son, et j’ai conservé cette double identité pour pouvoir équilibrer mon statut d’intermittent. C’était assez rationnel, car il était – et c’est toujours le cas – très difficile de vivre exclusivement de sa musique. Finalement, c’est devenu une force. D’autant plus aujourd’hui, où pour être musicien·ne, il faut quasiment savoir tout faire : composer, enregistrer, interpréter, potentiellement créer son propre label…

Il faut être « couteau-suisse » pour faire sa place dans ce métier ?

Oui, je m’aperçois que, souvent, on a d’abord envie de rayonner dans un projet de groupe ou solo, de vivre de sa propre musique. C’est 90% des stagiaires que je rencontre. Mon message, c’est qu’il y a d’autres manières de créer de la musique, dans des réseaux parallèles – tels que le théâtre, la danse – qui vont permettre de diversifier ses activités mais aussi de s’enrichir, voir d’autres points de vue.
Hélas, l’industrie de la musique a beaucoup resserré les codes, c’est difficile d’avoir des formats libres. La musique indépendante a plus de mal à exister sauf si on décide de l’auto-produire de A à Z.

Je trouve de la liberté dans le théâtre et la danse. La musique y a un rôle différent, elle vient s’ajouter à une performance, mais elle peut se permettre d’avoir un ton plus expérimental, plus libre clairement. Ce n’est pas forcément un métier très médiatisé, ce qui fait que les musicien·nes connaissent assez mal ce registre-là. Mais il y a de la demande : avec le home studio, les chorégraphes et metteur·ses en scène ont de plus en plus envie d’avoir une musique originale, dédiée à la dramaturgie, parfois même l’intégrer sur scène. Il y a aussi le jeu vidéo sur lequel il y a une forte demande. Le cinéma également que j’ai expérimenté en format court-métrage et documentaire. On peut tomber sur des choses très différentes, ce n’est pas forcément un engagement artistique fort, il faut se le dire. Mais si on tombe sur un·e réalisateur·rice qui va avoir envie d’affirmer des choses fortes avec le son et la musique, on peut avoir une liberté de ton importante, et une rencontre artistique géniale.

Trouves-tu un équilibre entre ton expression artistique personnelle et tes activités de commande ?

C’est très important d’être au clair avec cela. Je pense que pour pouvoir avoir un rapport assez fin à la commande, ne pas être frustré, il faut conserver un travail personnel. En tous cas, c’est comme cela que j’arrive à trouver mon équilibre. Cela fait que je ne cherche pas à passer toutes mes idées en force dans une commande. Et des fois, cela fait du bien, aussi, de ne pas porter sa propre création, ça soulage, parce qu’on met beaucoup de soi. Arriver dans un travail de commande apporte un peu de légèreté dans l’approche : on ne porte pas la totalité de la responsabilité du propos. Il y a aussi une véritable richesse dans le travail de collaboration avec un·e réalisateur·rice, metteur·se en scène ou chorégraphe : c’est intéressant d’essayer de trouver, à chaque fois, la juste note en fonction de l’émotion recherchée. Cela apporte la question du sens, de la narration.
Mais à un moment donné, au bout d’un certain nombre de commandes, j’ai besoin de retourner à mon travail personnel, de composer mes propres albums.

Quelles compétences te semblent importantes à développer pour se professionnaliser en tant que musicien·ne ?

La MAO est au cœur de chaque home studio et il y a des outils différents, selon si on est sur une musique à l’image ou une musique pour le théâtre et la danse. L’outil nécessite une compétence technique, mais cela reste un outil au service d’une démarche artistique. J’amène les stagiaires à se poser les questions dans le bon ordre : je définis ma démarche artistique, puis je mets les bons outils pour la servir. L’outil est extrêmement large, on peut presque tout faire, et cela peut même faire peur. Il est important de resserrer le champ des possibles.

En vieillissant, je trouve qu’il ne faut pas nécessairement être trop « couteaux-suisses ». Passer d’un univers à un autre peut être utile mais cela peut être compliqué pour trouver sa singularité. C’est déjà difficile de maîtriser un style. Je préfère qu’on m’appelle pour ce que je fais, si cela fonctionne avec le projet.

C’est important d’affirmer sa spécificité, sa singularité pour se faire repérer ?

Ça c’est vraiment la question : est-ce qu’il faut faire « ce qu’on attend » ou bien avoir une forte personnalité pour se faire repérer ? Moi je suis plutôt de la deuxième école : je préfère faire une musique de film tous les deux ans, que d’en enchaîner sans avoir trop envie de faire ce genre de musique. Je le vois comme cela mais d’autres trouveront cela économiquement dangereux… Aujourd’hui ça fonctionne, et je suis tout le temps très heureux de faire les choses. Même quand c’est une commande, comme je suis à ma place dans l’esthétique, je la défends et elle me touche suffisamment. Dans un processus artistique, cela me semble assez important, de trouver du plaisir et surtout du sens. Cette question de la singularité m’est chère. J’y reviens de plus en plus, peut-être parce que je sens qu’elle est en danger, qu’on a tendance à vouloir formater les choses, y compris dans la musique. Souvent c’est heureux pour les élèves d’entendre qu’il faut peut-être prendre le problème dans l’autre sens : trouver les bonnes personnes pour travailler, celles qui ont compris ce que tu voulais défendre. Pour cela, il faut rendre son discours lisible, cela fait partie de la formation : gommer les choses superflues, instables, mais avant tout au service de la singularité de l’artiste, plutôt que de concevoir des clones.

Un point « actus » : quels sont tes projets à venir ?

J’ai un nouvel album qui va sortir au mois de mai, qui s’appelle Obscur clarity, une recherche d’un équilibre entre le dark et le lumineux, révéler le beau à travers la tension. De l’electronica ambient, un peu néo-classique, contemporain parfois. Je travaille aussi sur une nouvelle création pour la compagnie toulousaine Blick théâtre, qui sera présentée en septembre au Festival international de Charleville-Mézières. Et puis je continue mon activité de formateur au sein du MuMA à Trempo, au Conservatoire de Nantes, mais aussi à travers des interventions individuelles avec des accompagnements « sur mesure ».

www.sebastienguerive.com


Rédaction : Julie Haméon

Sébastien Guérive anime trois formations à Trempo :

Les candidatures pour le MuMA (Formation Musicien·nes Musiques Actuelles) sont ouvertes jusqu’au 11 avril 2023. Plus d’infos.